110 Years Limited Edition
Oris Calibre 110: retour aux sources
Oris retourne aux sources avec le Calibre 110, un produit référent produit à l’interne, doté de 10 jours de réserve de marche.
Par Vincent Daveau
Contributeur
La maison Oris, fondée par Paul Cattin et Georges Christian en 1904 à Hölstein, un petit village du Jura suisse alémanique, fête cette année ses 110 ans d’histoire. L’occasion de présenter son premier calibre réalisé à l’interne depuis 1982, date où elle avait cessé d’en produire pour se concentrer sur la mise au point de modules techniques.
Tous les amateurs connaissent la maison Oris et ont suivi sa progression fulgurante dans l’univers horloger de ces vingt dernières années grâce à des produits intelligents mécaniquement parlant et à des positionnements prix qui, même s’ils sont depuis peu largement revus à la hausse, n’en demeurent pas moins extrêmement attractifs face à l’envolée de la concurrence. Dans ce contexte la société, depuis toujours installée à Hölstein, a su rester attachée à ses valeurs d’origine: produire des montres de qualité au meilleur tarif.
L’entreprise qui, dans le courant des années 1910 emploie déjà près de 300 personnes, voit sa production décupler dans le courant des années 30.
A cette époque, elle est dirigée par Jacques-David LeCoultre et elle ouvre des ateliers en différents endroits pour faire face à sa rapide croissance. La société fournit durant la seconde conflagration mondiale certains modèles à chevilles à la fois robustes et précis à la RAF. Le modèle Oris Big Crown s’impose car il permet aux aviateurs de remonter leur montre avec leurs gants. Réédité, il fait toujours partie des best sellers de la marque. Dans les années 50, Oris édite tout de même 200 000 montres et horloges par an pour atteindre, en 1970 -date à laquelle elle passe dans le giron du groupe ASUAG (le futur groupe Swatch)-, le volume record de 1,2 millions de montres produites avec plus de 800 employés.
La relance
Toutefois, confrontée à la crise du quartz, elle fait faillite à la toute fin des années 70, comme 900 autres entreprises liées à l’horlogerie. Seulement, à la différence de beaucoup d’autres, la direction composée du Dr Rolf Portmann et du directeur marketing Ulrich W. Herzog organisent le rachat et Oris redevient une société indépendante. Très vite, les nouveaux propriétaires qui ont entre leurs mains une société qui a mis au point 229 calibres choisissent de ne produire que des montres mécaniques, allant alors à contre-courant de la tendance d’alors.
Courageux ce tournant a donné naissance à des collections aujourd’hui plébiscitées par tous les amateurs débutants voulant accéder à une montre de qualité de facture suisse équipée de mouvements génériques réputés pour leur endurance et leur précision. Mais la maison n’a pas perdu la main en matière de production horlogère et réalise dès cette date, non plus ses mouvements, mais des modèles créatifs comme le fameux réveil d’Oris, mais surtout l’incontournable et toujours très apprécié Worldtimer.
Retour sur la scène des manufactures
Cette année, un peu plus de 30 ans après la crise du quartz, Oris présente son premier calibre mécanique à remontage manuel et ancre suisse, développé par ses soins. Ce mouvement de 34 mm comprenant 177 composants dont 40 rubis et battant au rythme de 21 600 alternances par heure est une vraie petite merveille d’efficacité. Produit à seulement 220 exemplaires cette année, il restera une vraie rareté, ce que les puristes regretteront car le mouvement, à première vue, semble de belle facture. On notera que le traitement des composants est conservé pour donner à ce moteur un caractère semi-industriel qui tient à cœur à la maison qui vient, par ce lancement, de rejoindre le cercle de plus en plus ouvert des manufactures.
Les puristes regretteront sans doute la taille très réduite des rubis, par trop identiques à ceux employés pour les modules additionnels, mais c’est à peu près tout car, pour le reste, l’instrument est intelligemment construit. On notera qu’à remontage manuel ce mouvement de nouvelle génération n’emporte qu’un seul barillet. Ce choix est osé quand on sait qu’il offre 10 jours de réserve de marche et contient un ressort de près de 180 centimètres de long, soit une longueur correspondant à la taille d’un homme de bonne stature. Et pour aider l’amateur qui fera l’acquisition de cette rareté de mouvement enfermé dans son boîtier en acier de 43 mm de diamètre, diffusé à 110 exemplaires ou dans son boîtier en or rose produit au même nombre d’exemplaires, la manufacture a mis au point un indicateur de réserve de marche non linéaire original et breveté, dont l’aiguille se déplace plus rapidement en fonction qu’il reste peu de force au mouvement.
Graphique, cette montre sobre et traditionnelle, étanche à 30 mètres, devrait enchanter les adeptes des produits rares et originaux mais également cette nouvelle génération de collectionneurs qui n’acquièrent que les modèles des marques dotés de leurs premiers mouvements de manufacture… A bon entendeur…
