HYT H3 Titanium & Platinum
H3 ou le temps horizontal
HYT abandonne les courbes et se lance dans le boîtier de forme avec la H3, un colosse aussi noir que rectangulaire. Pour la première fois, l’indicateur fluidique est donc linéaire, tout comme l’indication de la minute, dont l’entraînement est un bijou de microcinétique.
Par Louis Nardin
Journaliste
Par essence la montre est ronde et c’est pourquoi travailler une autre forme – dans ce cas rectangulaire – constitue tant une preuve d’audace que de confiance. HYT peut se targuer de posséder les deux tant la petite marque en devenir consolide en permanence son expérience dans l’affichage du temps par des liquides. En effet, du courage il en a fallu pour aborder cet Everest technologique né dans l’imagination d’un ingénieur en génie nucléaire. Et le fait d’avoir réussi une première fois son ascension donne la force pour essayer d’autres voies. La H3 est ainsi : identique dans l’esprit, différente dans la forme.
Entraînement indirect fluidique
La mise à plat du capillaire, soit le microtube qui abrite les deux liquides, n’a pas été le principal défi. D’ailleurs le système fonctionne comme celui les H1 et H2 soit avec deux pistons inversés qui pilotent le déplacement de deux liquides hétérogènes, eux-mêmes séparés par un ménisque. Toutefois, si dans les deux précédentes versions le module fluidiques est totalement indépendant, dans la H3, celui-ci participe à l’activation mécanique du cadran des heures.
Réalisé en aluminium pour plus de légèreté, ce « cadran » est en fait un bâtonnet de section carrée qui pivote d’un quart de tour toutes les 6 heures et numéroté de 0 à 5, 6 à 11, 12 à 17 et 18 à 23. Le liquide jaune-vert, au dessus, indique l’heure sur cette échelle qui change régulièrement. Il pivote automatiquement lorsque le liquide arrive en fin de course et que le système rétrograde s’active. Le jeu des pistons dont l’un se vide et l’autre se remplit est alors utilisé pour activer le cadran. Ainsi, il existe pour la première fois un lien technique et direct entre l’univers liquide et le mécanique. HYT a donc développé avec son constructeur Audemars Piguet Renaud Papi un nouveau mode de collaboration. En effet, les équipes horlogères ont dialogué de manière beaucoup étroite qu’auparavant avec celles de Preciflex, l’entreprise sœur de HYT et qui fabrique les modules fluidiques.
Pilotage par satellites
Mais l’autre surprise de ce calibre spécial construit sur la même base que celui de la H2, lui aussi sorti des ateliers APRP, se voit au dessous de l’échelle des minutes. Cet affichage linéaire et par aiguille a impliqué le développement d’un organe très spécial. En effet, l’aiguille est pilotée par un système de satellites évoluant autour d’une roue fixe. Il est entraîné depuis le dessous par un double rateau pour assurer un développement sans à-coups et sécurisé. De plus, la course de l’aiguille a dû être régulée par une came pour qu’elle se déplace au même rythme durant toute sa course. La H3 est aussi une montre pratique à utiliser et son mouvement bien protégé des mauvaises manipulations. En effet, le système de mise à l’heure est sécurisé pour empêcher les blocages. Et le confort d’utilisation est là : le bâtonnet des heures peut se tourner indépendemment via un bouton-poussoir.
La H3 marque l’arrivée d’HYT dans le terrain difficile et réservé aux connaisseurs des montres de formes. C’est un pari osé mais nécessaire qu’HYT a raison de relever pour ouvrir encore le champ des possibles en termes principalement de formes. La Skull avec son affichage de l’heure en forme de crâne était une première étape. Ici, on accès à une seconde dimension, où le mariage entre fluidique et mécanique se fait encore plus intime.
